Salut les gars, j’espère que vous allez bien, et que vous profitez des températures qui se réchauffent ! Aujourd’hui, je vais vous parler d’une jeune fille du sud qui est tombée dans le piège d’un pervers récidiviste. Sans plus attendre, je vous présente l’affaire Guillaume Mingaud, aussi connue sous le nom de l’affaire Élodie Morel.
Élodie
En 2005, Élodie a 29 ans. Elle vit à Marseille, est mariée à un certain Sylvain, et a un petit garçon de 4 ans. La vie n’est pas facile pour elle, elle vit de petits boulots, mais elle rêve de mieux. Elle veut notamment être mannequin et partir vivre à l’étranger. Elle est inscrite sur un site Internet de casting et épluche régulièrement les annonces. Et à la fin du mois d’avril 2005, elle tombe sur une annonce en or.
L'annonce
Tout est idéal. Une certaine Nicole Forestier propose un total de 5000€ pour 5 jours de shooting photo. Et pas pour n’importe qui…pour Rolls Royce ! Élodie saute sur l’occasion, et elle est choisie ! C’est son rêve qui se réalise. Le contrat est signé, les arrangements sont faits, et le rendez-vous est donné : le 2 mai 2005, au bar L’Escale à Aigues-Mortes. Le jour du rendez-vous, Élodie se prépare, sans se douter que sa vie va basculer de la pire des manières. Elle embrasse son compagnon et son fils et part de chez elle, sans savoir qu’elle ne reviendra jamais.
Le rendez-vous
Lorsqu’elle s’attable à L’Escale, Élodie n’est pas rejointe par Nicole Forestier, mais par un homme disant être son assistant. Nicole a un empêchement, mais ils peuvent quand même commencer les repérages pour le shooting photo. Élodie, peu méfiante, accepte, et monte en voiture avec l’homme. Elle ne sait pas qu’elle et “l’assistant” sont déjà recherchés par les gendarmes.
L'indic et la tentative de sauvetage
Le jour du rendez-vous, alors qu’Élodie était en route pour Aigues-Mortes, un homme a appelé les gendarmes. Cet homme, c’est Dominique Tarasco, un propriétaire de boîte de nuit clandestine qui joue régulièrement les indics pour les enquêteurs. Le 2 mai, il a appelé avec le plus gros tuyau de sa “carrière”: un ami lui a confié avoir prévu d’enlever une femme pour un réseau de prostitution international.
Dominique a donné un maximum de renseignements, mais sans donner le nom de cet ami. Ainsi, tout ce que les gendarmes savent, c’est que cet ami a rendez-vous avec sa proie à L’Escale à Aigues-Mortes, et qu’il conduit une Seat Ibiza verte. Ils font ce qu’ils peuvent de cette information, et se rendent immédiatement au bar. Cependant, ils n’ont aucune idée de l’apparence de la future victime et de son ravisseur. Ils cherchent donc la Seat Ibiza verte, en vain. Déçus, ils rappellent Dominique, qui leur annonce une nouvelle qui aura de terribles conséquences: il s’est trompé sur le modèle de la voiture. Ce n’est pas une Seat Ibiza verte, mais une ZX grise qu’il faut rechercher. Malheureusement, au moment de cette correction, Élodie et “l’assistant” sont déjà partis de L’Escale.
Plus tard dans la soirée, Dominique, après un dîner bien arrosé, se retrouve à un barrage de contrôle routier. Il demande aux gendarmes s’ils ont réussi à retrouver la ZX, mais ceux-ci ne sont pas au courant de l’affaire. À cet instant précis, la ZX en question passe devant eux avec une femme sur le siège passager. Dominique essaie d’alerter les gendarmes et de les pousser à contrôler la voiture, mais ceux-ci ne comprennent pas la situation et prennent Dominique pour un simple poivrot. La ZX continue librement son chemin, avec Élodie à l’intérieur.
La recherche
Le lendemain, la mère d’Élodie et Sylvain n’arrivent pas à avoir de ses nouvelles. Inquiets, ils se renseignent auprès des hôpitaux pour savoir s’il ne lui est pas arrivé quelque chose. Mais rien. Le jour suivant, Sylvain se rend au commissariat pour signaler la disparition de sa femme. Les enquêteurs ne le prennent pas forcément au sérieux, et pensent plutôt qu’Élodie s’est enfuie avec un amant. Malgré tout, ils commencent une recherche dans l’intérêt des familles. Ils diffusent un avis de recherche dans toute la France, y compris à la gendarmerie d’Aigues-Mortes, qui fait tout de suite le lien avec le signalement de Dominique Tarasco. Celui-ci est amené et interrogé. Cette fois, la pression monte. Une femme est en danger, et si Dominique ne dit pas qui est son ami, il sera considéré comme complice. Dominique finit par craquer et donne un nom : Guillaume Mingaud.
Guillaume
Guillaume Mingaud n’est pas un enfant de coeur. Loin de là. Né dans les années 70, il a été condamné à 20 ans pour le viol de deux allemandes qui faisaient du stop. Une fois sorti de prison, il a de nouveau été condamné pour port d’armes illégales, vols et escroqueries. Entre deux condamnations, il a travaillé comme vigile pour la boîte clandestine de Dominique Tarasco.
Il est décrit comme un homme colérique et effrayant qui n’hésite pas à faire usage de la violence pour obtenir ce qu’il veut, même avec ses amis.
S’il est comme ça avec ses amis, Dieu sait comment il peut être avec des gens qu’il ne connaît pas.
Une fois que les enquêteurs savent qu’il est derrière la disparition d’Élodie, ils décuplent leurs efforts pour éviter l’horreur, sans savoir qu’il est déjà trop tard.
L’arrestation et l’interrogatoire
Dominique Tarasco, après avoir enfin donné le nom de Guillaume, accepte de lui tendre un piège. Il l’appelle et prétend avoir un job à lui proposer. Il lui donne rendez-vous au Mexicana, une ancienne boîte de nuit abandonnée. Guillaume accepte, et le prévient qu’il s’y rendra avec un ami.
Les gendarmes se rendent immédiatement au Mexicana, et attendent les deux hommes, qui arrivent en fin d’après-midi. Lorsqu’ils sont interpelés, Guillaume essaie de s’enfuir, mais est plaqué au sol. On retrouve la carte de crédit d’Élodie dans sa poche.
L’homme qui l’accompagne est un certain Richard Lignier, un alcoolique complètement inconnu des forces de l’ordre.
Les deux hommes sont amenés à la gendarmerie de Vauvert et sont interrogés.
Au début, Richard prétend ne jamais avoir entendu parler d’Élodie. Guillaume, lui, explique qu’il a simplement volé sa carte de crédit à la terrasse de L’Escale, mais qu’il comptait la lui rendre. Bien sûr. Il change rapidement de version.
Il a bien tendu un piège avec l’annonce sur le site de casting, mais seulement pour voler la carte bleue d’Élodie. Il a fait semblant de faire des repérages avec elle, avant d’exiger qu’elle la lui donne. Elle l’a fait mais a refusé de lui donner le code, ce qui a mis Guillaume en colère. Il a alors frappé Élodie jusqu’à ce qu’elle lui donne le code. Il l’a ensuite enfermée dans le coffre de la voiture, et est allé jusqu’à une station-service pour vérifier que le code de la carte est le bon. Une fois la vérification faite, il conduit jusqu’au domicile de Richard et Francine Lignier, à Vergèze.
Il explique à ses bons amis qu’il a un contrat avec un réseau de prostitution international, et qu’il doit livrer une jeune femme à un bordel. La jeune femme est dans le coffre, et il a besoin de leur garage. S’ils acceptent, Guillaume partagera le butin avec eux. Les Lignier en ont besoin, ils n’ont pas vraiment de boulot stable et ont du mal à boucler leurs fins de mois. Ils mettent leur garage à disposition.
Guillaume passe toute la journée du 3 mai à discuter avec Élodie, qu’il a attachée avec des liens fournis par les Lignier. Ils parlent notamment d’enfants. Guillaume en a trois, dont une petite fille du même âge que le fils d’Élodie. Celle-ci lui raconte un peu sa vie : ses petits boulots, ses galères, le fait qu’elle a quitté le foyer familial à 14 ans à la mort de son père, ses envies d’ailleurs…
Apparemment attendri, Guillaume finit par lui offrir une bouteille d’eau. C’est le seul moment de sa captivité où Élodie pourra s’alimenter. Guillaume, lui, retourne dans la maison des Lignier pour dîner en fin de journée. Il leur explique qu’il va devoir se débarrasser d’Élodie, et les Lignier ne réagissent pas vraiment. Après le dîner, il emmène Élodie en rase campagne, soi-disant pour la relâcher. Il lui propose de conduire jusqu’à un endroit où elle pourrait ensuite être libérée, mais elle essaie de s’échapper en faisant un croche-pied à Guillaume, ce qui l’enrage. Il l’étrangle alors avec un bout de ficelle.
Après avoir entendu cette version des faits, les enquêteurs partent faire une perquisition chez les Lignier. Francine et sa fille de 13 ans sont présentes, et se mettent à table pour manger comme si de rien n’était.
Les gendarmes trouvent rapidement les affaires d’Élodie dans la maison, dont son téléphone portable, que les Lignier ont offert à leur fille. Ils trouvent également un pistolet Colt avec du sang sur la crosse. Dans le garage, ils retrouvent la bouteille d’eau, les liens Serflex avec lesquels Élodie a été attachée, et les mégots des cigarettes que Guillaume a partagées avec elle. Ils retrouvent également une sangle.
Ces preuves sont analysées : le sang sur le Colt est celui d’Élodie, ce qui prouve qu’elle a été frappée. On découvre également des traces de médicaments divers sur la bouteille d’eau. Élodie a donc été droguée. Des traces du sperme de Guillaume sont retrouvées dans sa salive sur la bouteille et sur les mégots de cigarettes, ce qui prouve qu’elle a été agressée sexuellement. Enfin, on retrouve l’ADN d’Élodie sur la sangle, prouvant ainsi qu’elle a été étranglée dans le garage. Guillaume n’a jamais eu l’intention de la relâcher.
Au bout de 23h de garde à vue, et après avoir essayé de prétendre que c’était Richard qui avait tué Élodie, Guillaume avoue enfin clairement le meurtre, et indique aux enquêteurs où se trouve le corps d’Élodie. Il n’admet cependant pas l’agression sexuelle.
Élodie est retrouvée le 6 mai 2005 dans un coffre de voiture garé sur un parking près du cimetière d’Aigues-Mortes.
Le procès
Le premier procès de Guillaume Mingaud et de Richard et Francine Lignier a lieu en février 2008.
Dès le premier jour d’audience, Guillaume crée la surprise. Il a encore changé d’avis, et affirme que c’est Richard qui a tué Élodie. Sous le choc, Richard doit être évacué.
Tout au long du procès, il raconte à quel point il était sous le charme d’Élodie, et parle d’elle comme si c’était une vieille amie. Il dit même qu’il aurait pu aimer Élodie jusqu’à la fin de sa vie.
Ce discours n’attendrit que lui, et il est condamné à la perpétuité avec une peine de sûreté de 22 ans. Les Lignier, eux, sont condamnés à 6 ans de prison.
Guillaume fait appel de cette décision, et son second procès commence le 3 mai 2010. Cette fois, il admet avoir tué Élodie, mais demande un meilleur partage des responsabilités entre lui et le couple Lignier. Il obtient gain de cause : sa peine est réduite à 30 ans de prison, et la peine des Lignier est augmentée à 8 ans de prison. Ils sont aujourd’hui libres.
Si Guillaume Mingaud n’obtient pas de libération conditionnelle d’ici là, sa peine se terminera en 2038. Il aura alors la soixantaine.
Et c’est ainsi que se termine cette affaire. N’hésitez pas à me dire ce que vous pensez de cette affaire dans les commentaires ou sur Twitter (@mwacpod). Si vous le pouvez, faites un petit don pour que je puisse améliorer mon contenu.
Allez regarder des vidéos de loutres ou de chats pour vous détendre, et je vous dis à la prochaine !
Comments