Les paras de Francazal, des déviants en treillis
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  • Photo du rédacteurElsa Moreira

Les paras de Francazal, des déviants en treillis

Dernière mise à jour : 12 janv.

Salut les gars, j’espère que vous allez bien, et que vous profitez de l'été ! Aujourd’hui, je vais vous parler d’une bande de jeunes militaires qui ont décidé de s'amuser au dépens de tout le monde autour d'eux. Sans plus attendre, voilà l'affaire des paras de Francazal !


Isabelle

Le 30 mai 1989, durant la soirée, Isabelle Rabou, une kinesithérapeute de 23 ans, finit de boire un verre avec des amis, près de Toulouse. Vers 00h15, elle part rejoindre une amie, Agnès, chez qui elle doit dormir. Elle n’arrivera jamais.

Le lendemain, Agnès et les parents d’Isabelle, inquiets, se rendent au commissariat de Toulouse pour signaler sa disparition.

Le jour-même, la voiture d’Isabelle est retrouvée dans un champ, calcinée. Isabelle n’est pas à l’intérieur. L’inquiétude monte autant du côté des proches que du côté des enquêteurs, et un avis de recherche est diffusé partout. En parallèle, les policiers réalisent que près du champ, il y a la base militaire de Francazal.


Un corps, et beaucoup de suspects

Les policiers essaient d’enquêter eux-mêmes sur le camp, mais n’arrivent à obtenir que des informations superficielles, puisqu’ils ne sont pas militaires. Ils font donc appel aux gendarmes, qui eux le sont. Ceux-ci interrogent le personnel de la BOMAP (Base Opérationnelle Mobile Aéroportée) et consultent les fichiers du camp. Cependant, ils ne trouvent rien. Loin d’être découragés, ils commencent des planques dans la zone du camp. Malheureusement, il est déjà trop tard pour Isabelle.

Le 3 juillet 1989, au petit matin, un agriculteur retrouve son corps dans un champ à une vingtaine de kilomètres de Toulouse. Une autopsie est effectuée, et on découvre qu’elle a été frappée, agressée sexuellement, et étranglée.

Les policiers et les gendarmes, déterminés, continuent leur enquête et leurs planques, mais entre le dîner et l’appel du matin, les allées et venues des militaires ne sont pas enregistrées. Il est donc impossible de savoir qui était hors de la base le soir de la disparition d’Isabelle.

Le dispositif de surveillance est levé le 12 juillet, et la tragédie reprend dès le lendemain.


La deuxième voiture

Le 13 juillet, un deuxième véhicule calciné est retrouvé près du camp de Francazal. Cette fois, il y a deux corps dans le coffre. Impossible de les identifier, et la voiture a été volée, mais on arrive au moins à savoir que ce sont deux femmes ayant subi les mêmes sévices qu’Isabelle Rabou. Les suspicions des enquêteurs deviennent une conviction : il y a des tueurs dans la base de Francazal.

Les gendarmes entrent de nouveau dans le camp et consultent les fichiers récents. Et là, l’enquête avance enfin : deux appelés, Thierry El Borgi, 19 ans, et Philippe Siauve, 20 ans, ont récemment déserté. Thierry avait quitté la base illégalement le 13 juillet, et Philippe n’est pas revenu de sa permission du weekend du 15 juillet. Un mandat d’arrêt est immédiatement lancé contre eux.


Thierry

Les suspects n’ont pas eu une enfance facile.

Thierry El Borgi est né d’un viol commis sur sa mère par le beau-père de celle-ci. Elle se mariera plus tard avec un homme qui acceptera d’adopter Thierry, mais ne lui témoignera jamais d’affection.

Négligé, Thierry falsifie ses papiers d’identité et fugue à 12 ans. Il se retrouve dans la rue, seul et vulnérable. Il suit une formation de mécanicien à 16 ans, mais retourne rapidement à la rue, ma drogue et l’alcool. À 18 ans, il rejoint l’armée et rencontre Philippe au moment de passer le brevet de parachutiste.


Philippe

Né à Lyon, Philippe est le fils d’une prostituée qui abandonne la famille 12 ans après sa naissance. Il part à ce moment-là avec son père et ses trois frères vivre chez ses grands-parents. Ses études sont de courte durée, et il tombe assez tôt dans la délinquance et la drogue. Il finit par rejoindre l’armée pour “s’affirmer”, “devenir un homme”. Cependant, après avoir rencontré Thierry, il retombe dans ses mauvais travers. Le duo se met à voler des voitures et à partir en virée pour commettre des délits.





La cavale

Les deux militaires criminels ont quitté la base de Francazal séparément, mais se rejoignent le 16 juillet à Saint-Romain-de-Jalionas, dans l’Isère, alors que Philippe rend visite à sa mère. Ils cambriolent une maison, où ils récupèrent un fusil, des cartouches et 1700 francs (environ 260€). Le lendemain, ils volent ensuite une voiture et partent en virée. Dans la soirée, ils passent par un bar où ils voient des Maghrébins. Philippe, qui est violemment raciste, se met à tirer dans leur direction, sans en toucher aucun. Le duo continue sa route, et fait une pause pour tirer sur des vaches dans un champ. Ils reprennent ensuite leur route, et es retrouve devant une cité HLM. S’imaginant qu’elle regorge de Maghrébins, ils se mettent à tirer. Encore une fois (et heureusement), ils ne touchent personne. Lorsque le soleil se lève le 18 juillet, ils sont de retour à Saint-Romain-de-Jalionas. Ils marchent dans un bois après avoir brûlé leur voiture, et tombent sur Marcel.


Marcel

Marcel Douzet est un garde-chasse de 62 ans. Il a vécu toute sa vie à Saint-Romain-de-Jalionas, mais cela ne veut pas dire que sa vie n’a pas été mouvementée. En effet, il a été résistant pendant la Seconde Guerre Mondiale. Rien que ça !

Le 18 juillet au matin, on le prévient qu’il pourrait y avoir des renards dans les bois. Ni une ni deux, il se prépare et se met en route. Une fois dans les bois, il croise Thierry et Philippe. Il reconnaît ce dernier, qui engage une conversation. Et alors qu’il a baissé sa garde, Marcel reçoit une balle, et meurt. C’est Thierry qui a tiré.

Le duo transporte le corps un peu plus loin, et jette le fusil de Marcel dans un champ de maïs. Le garde-chasse sera retrouvé dans la soirée.


L’arrestation

Après avoir tué Marcel, Thierry et Philippe se rendent chez le docteur Marsaud, le médecin local. M. Marsaud connaît Philippe depuis qu’il est petit, mais c’est Thierry qui demande un certificat médical pour justifier son absence à la base de Francazal. Le médecin refuse catégoriquement et se méfie des deux hommes, qui deviennent rapidement agressifs. Ils finissent tout de même par s’en aller, sans savoir qu’ils n’ont encore que quelques heures de liberté.

En effet, à 19h, les deux sont repérés dans un champ de maïs. Ils arrivent à se réfugier dans le sous-sol d’une maison, mais finissent par se rendre. Ils sont alors emmenés à la gendarmerie de Crémieu.


Les aveux

Une fois dans la salle d’interrogatoire, Thierry et Philippe expliquent le cambriolage, la virée et le meurtre de Marcel.

Le 20 juillet, les deux paras sont rapatriés vers Toulouse pour être interrogés sur leur rôle dans la mort d’Isabelle Rabou et des deux jeunes femmes non identifiées. Les deux hommes dénoncent alors deux autres complices : Franck Feuerstein et Thierry Jaouen. Ces deux nouveaux suspects sont interpelés et avouent leur implication dans les meurtres.


Thierry et Franck

Franck a 19 ans au moment des faits. Aîné de 5 enfants, il n’a pas connu son père, mais son beau-père l’élève sans faire de différence avec les quatre autres enfants. Elève médiocre, il rate sa formation de mécanicien et vit de petits boulots. Il rencontre Philippe à Francazal, et c’est là qu’il commence à boire et à prendre de la drogue.

Thierry Jaouen a aussi 19 ans au moment des faits. Fils d’un employé de mairie et d’une auxiliaire puéricultrice, il est intelligent mais pas bon élève. Il décroche quand même son CAP de boucher, et travaille dans la même boucherie pendant 3 ans. Il était calme et introverti, jusqu’à ce qu’il arrive à Francazal.


Retour aux aveux

Philippe avoue avoir tué Isabelle avec Thierry Jaouen et Franck Feuerstein. Le soir du 31 mai, ils erraient dans Toulouse à la recherche d’une voiture à voler, et ont repéré la voiture d’Isabelle. Ils ont pénétré dans la voiture, pris Isabelle en otage et l’ont emmenée dans un champ. Là, ils l’ont battue et violée chacun leur tour avant de l’étrangler. Ensuite, ils ont brûlé la voiture après avoir transporté le cadavre dans un champ à une vingtaine de kilomètres de Francazal.

Thierry El Borgi et Philippe racontent ensuite qu’ils ont tué les deux femmes retrouvées dans la seconde voiture calcinée, qui s’avèrent être deux adolescentes, le weekend du 13 juillet lors d’une permission. Ils expliquent que ce soir-là la boîte de nuit où ils voulaient aller était fermée, alors ils se sont rendus près de Toulouse pour la fête foraine du 14 juillet. C’est là qu’ils ont croisé Noria Boussedra, 17 ans, et Luisa De Azevedo, 12 ans, alors qu’elles attendaient le bus. Ils les ont prises avec eux et ont fini par les emmener dans un champ, ou au bord d’une petite route selon les versions. El Borgi a frappé Noria mais ne l’a pas violée car elle avait ses règles. Puis il l’a étranglée. Philippe a ensuite frappé Luisa et l’a violée, avant de l’étrangler et de la poignarder à la gorge.

Déférés devant le juge d’instruction, Thierry El Borgi, Philippe Siauve, Franck Feuerstein et Thierry Jaouen sont inculpés pour homicides volontaires, enlèvements, viols, actes de barbarie et de torture. Ils sont incarcérés.



Le procès

Les paras de Francazal à leur procès (de gauche à droite : Franck, Thierry El Borgi, Thierry Jaouen et Philippe) (Source : La Dépêche)
Les paras de Francazal à leur procès (de gauche à droite : Franck, Thierry El Borgi, Thierry Jaouen et Philippe) (Source : La Dépêche)

Le procès des quatre paras de Francazal commence le 15 avril 1991. Les jurés doivent répondre à 130 chefs d’accusations en tout. Aucun des accusés n’explique ce qui les a motivé dans leurs actes. Ils expriment quelques regrets concernant la mort des trois victimes féminines, mais rien concernant la mort de Marcel Douzet. Dans l’ensemble, ils sont décrits comme froids et s’exprimant comme des petits délinquants.

Tous sont condamnés à la prison à perpétuité. La peine de sûreté est de trente ans pour Thierry El Borgi et Philippe Siauve, quinze ans pour Thierry Jaouen et treize ans pour Franck Feuerstein.

Depuis 2009, Thierry Jaouen, qui avait été décrit comme un suiveur durant le procès, bénéficie d’une mesure de semi-liberté. Il est ainsi libre de 7 à 19 heures, et vit à la maison d’arrêt de Caen.

Franck Feuerstein est soit toujours en détention, soit il est mort en 2012, les sources varient là-dessus.


Et c’est ainsi que se termine cette affaire. N’hésitez pas à me dire ce que vous pensez de cette affaire dans les commentaires ou sur Twitter (@mwacpod). Si vous le pouvez, faites un petit don pour que je puisse améliorer mon contenu.

Allez regarder des vidéos de loutres ou de chats pour vous détendre, et je vous dis à la prochaine !

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