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Photo du rédacteurElsa Moreira

Michel Fourniret et Monique Olivier, les ogres des Ardennes

Lorsque je me suis connectée sur Twitter le 5 mars dernier, je n’ai pas été accueillie par les tutos maquillage que je ne regarde jamais et les memes qui me font rire pendant que je prends mon café. J’ai été accueillie par des tweets indignés, souvent accompagnés de la photo d’une jolie petite fille.

Cette petite fille, c’est Estelle Mouzin. Elle avait 9 ans lorsqu’elle a disparue sur le chemin de l’école le 9 janvier 2003 à Guermantes, en Seine-et-Marne. Pendant des années, l’enquête sur sa disparition était au point mort, malgré le fait qu’un tueur en série pédophile était le suspect principal. Ce tueur, le 5 mars 2020, a enfin avoué le meurtre de la petite fille, pour lequel il avait été mis en examen en novembre 2019. Estelle est donc à présent officiellement l’une des dernières victimes du tueur en série Michel Fourniret, qui a tué au moins 9 personnes entre 1987 et 2003, faisant de lui l’un des tueurs en série les plus célèbres de la France moderne. Après avoir fait mon petit tour sur Twitter, j’ai décidé de m’intéresser à ce cas. Et il se trouve que contrairement à ce que la plupart des gens qui ont entendu parler du cas pensent, Michel Fourniret n’était pas seul dans son délire meurtrier. En effet, il a agi au début de sa série de meurtres avec sa femme, Monique Olivier, qui était une complice enthousiaste selon les enquêteurs, et une connasse psychotique selon moi. Voici l’histoire de Michel Fourniret et de Monique Olivier, les Ogres des Ardennes.

Michel Fourniret est né le 4 avril 1942 au sein d'une famille pauvre de Sedan. Selon lui, son père était un ouvrier alcoolique et sa mère, une domestique volage, a abusé sexuellement de lui durant son enfance. Plusieurs experts ont déterminé que c'est à ce moment qu'est apparue sa haine des femmes et son obsession pour la virginité.Ses parents ont divorcé en 1954, ce qui l'a meurtrit un peu plus. Il a continué à grandir, et a fini par devenir un jeune homme timide, effacé, ayant du mal à aborder les femmes. En même temps, avec la gueule qu'il a, je lui donnerai pas l'heure si j'étais une horloge. En 1963, il épouse sa première femme, Annette, et est traumatisé d’apprendre lors de sa nuit de noces que sa nouvelle épouse n’est plus vierge, alors que lui si. C’est là que commence vraiment sa descente dans la perversion.En 1966, il est condamné à Nantes pour attouchements sexuels et enlèvement. Son mariage ne survivra pas à cette condamnation. Et tant mieux pour Annette.En 1969, il épouse sa deuxième femme, Nicole. Cependant, sa carrière criminelle ne s’arrête pas. Il est condamné en 1973 à Verdun pour exhibitionnisme. Sa femme ne le quitte pas cette fois-ci, mais son deuxième mariage succombera à son méfait suivant (un peu tard, mais je suis quand même fière de toi, Nicole).

Le 4 mars 1982, alors que le couple vit à Clairefontaine, Fourniret viole Dahina Le Guennan, une jeune fille de 14 ans, après l’avoir kidnappée près de la gare d’Épernon en la menaçant avec une bouteille de vitriol. Il lui fait croire qu’il est un criminel en fuite et qu’elle doit l’aider à quitter la ville. Il lui raconte sa vie, explique son traumatisme concernant l’absence de virginité de sa première femme et lui explique qu’il est en quête de ce qu’il appelle le « mythe de la virginité ». Une fois arrivé dans un champ, Fourniret dit à Dahina qu’il doit simuler un viol pour éviter qu’on la prenne pour sa complice, mais il ne fait pas semblant. Il la ramène ensuite chez elle, et lui dit sur le chemin que ce qu’il s’est passé n’est pas grave, et qu’une condamnation détruirait sa famille. Dahina racontera plus tard qu’elle ne s’est rendue compte de la situation qu’une fois Fourniret parti. Malgré les supplications de son violeur, elle va porter plainte, et Fourniret est condamné en 1984 à 3 ans de prison. Il tente d’amadouer le juge en détaillant dans une lettre ses agressions pour lui montrer que le viol de Dahina est son « cas le plus grave ». Incarcéré à Fleury-Méreugis, il est le souffre-douleur des autres détenus (j'espère sincèrement qu'il a fait tomber le savon dans la bouche) jusqu’à ce que l’un d’eux, Jean-Pierre Hellegouarch, ne prenne Fourniret sous son aile. À part ça, il est un prisonnier modèle. Si seulement il était resté en prison à se faire dilater les orifices... En 1986, il place une annonce dans un journal chrétien : « Prisonnier aimerait correspondre avec personne de tout âge pour oublier solitude. » Monique Olivier, 38 ans, répond à son annonce et débute une romance épistolaire avec lui. Elle se révèle être aussi déviante que lui et lui propose un pacte : il tue tous ses anciens amants, qui lui auraient fait du mal selon elle, et l’aide à récupérer la garde de ses deux enfants. En échange, elle l’aidera à enlever de jeunes vierges. Fourniret accepte, mais ne respectera jamais sa part du marché.Il est libéré le 10 octobre 1987, et rejoint immédiatement Monique. Il est sous libération conditionnelle, mais finit par arrêter d’aller pointer chez le juge d’application des peines. Cette fuite n’aura aucune conséquence pour lui.Le couple s’installe à Saint-Cyr-les-Colons, dans l’Yonne, et se met à rechercher de potentielles victimes.

Le 11 décembre 1987, ils enlèvent Isabelle Laville, 17 ans, alors qu’elle sort du collège à Auxerre. Monique, seule, convainc la jeune fille de monter dans sa voiture pour lui indiquer son chemin. Une fois en route, elle prend Michel, qui prétend être un automobiliste en panne d’essence, et le piège se referme. Le couple amène Isabelle dans leur maison et commence à l’agresser. Monique, pour aider son mari, lui fait une fellation pour qu’il puisse violer Isabelle. Une fois l’agression terminée, Fourniret étrangle Isabelle et la jette dans un puits pendant la nuit. Son corps ne sera retrouvé qu’en 1996.

En avril 1988, son ancien codétenu, Jean-Pierre Hellegouarch, reprend contact avec Fourniret. Hellegouarch est incarcéré et demande à son ami d’aider Farida Hamiche, sa femme, à récupérer un butin dans un cimetière de Fontenay-en-Parisis. Il se trouve que ce butin appartient au gang des Postiches, un célèbre groupe de braqueurs des années 80, mais Fourniret ne le sait pas. Pourtant, appâté par le gain, il finit par tuer Farida dans la forêt de Rambouillet et prend tout le magot. Il s’en sort en cachant le corps et en faisant croire à Hellegouarch que sa femme s’est enfuie avec le trésor. Fourniret utilise ce dernier pour acheter un château à Sautou.

La même année, Fourniret et Monique Olivier, qu’il vient d’épouser, s’installe à Floing, dans les Ardennes. Le 3 août, Monique utilise sa grossesse pour attendrir et enlever Fabienne Leroy, 20 ans, alors que cette dernière sort du travail. Le couple l’emmène dans un bois, et Fourniret agresse Fabienne pendant que Monique la menace avec un revolver. Fourniret lui bande ensuite les yeux et lui fait croire qu’il va la relâcher. Il l’amène près d’un camp militaire, lui fait supplier de l’épargner, et l’exécute avec un fusil.

Le 18 mars 1989, le couple enlève et tue Jeanne-Marie Desramault, 22 ans, à Charleville-Mézières. Le 20 décembre de la même année, c’est au tour d’Elisabeth Brichet, 12 ans, de succomber au couple meurtrier à Namur, en Belgique.Ces 2 meurtres passent sous le radar des autorités, mais Fourniret est tout de même condamné à 2 mois de prison pour l’agression d’une infirmière à Nantes.Un an plus tard, le 21 novembre 1990, Natacha Danais, 13 ans, est enlevée et tuée à Nantes.Pour ces trois meurtres, le couple n’a pas hésité à utiliser leur enfant comme appât.

Après ce meurtre, on perd quelque peu la trace de Fourniret. On sait qu’il s’installe en Belgique en 1992, qu’il commence à agir seul et qu’il tente plusieurs enlèvements et agressions (il ne sera condamné qu’une seule fois). Plusieurs disparitions lui sont également attribuées, mais sa culpabilité dans ces cas n’a pas encore réussie à être prouvée.

Le 16 mai 2000, le tueur réussit à enlever et tuer Céline Saison, 18 ans, alors qu’elle rentre du lycée à Charleville-Mézières. Un an plus tard, le 5 mai 2001, Fourniret enlève et assassine Manayna Thumpong, une jeune thaïlandaise de 13 ans, à Sedan.

Ces meurtres sont effectués sans Olivier, mais Fourniret lui raconte tout et lui ramène des trophées. Tous les meurtres perpétués par Fourniret et Olivier sont passés inaperçus grâce à l’habitude des tueurs de cacher les corps et de se déplacer dans différentes régions pour brouiller les pistes. De même, Fourniret ne tuait jamais deux victimes de la même manière. Dans leur vie quotidienne, le couple est banal, si ce n’est qu’il est très négligent envers leur enfant, qui est nourri au jus de patate, forcé à dormir sur un matelas posé au sol, et fréquemment abandonné chez les voisins.

Cependant, les masques finissent par tomber. Ainsi, le 26 juin 2003, sur la route de Ciney, en Belgique, Fourniret tente d’enlever Marie Ascension, 13 ans, mais celle-ci réussit à défaire ses liens et à s’échapper de la camionnette Citroën du tueur. Elle donne la plaque d’immatriculation du véhicule à la police, ce qui mène cette dernière au couple.

La série de meurtre s’arrête là, mais Fourniret va encore en faire des siennes. Durant les interrogatoires, il garde les yeux fermés, parfois pendant des heures, et commence toutes ses phrases par « Après mûre réflexion ». Forcé d’avouer les enlèvements à cause des preuves ADN trouvées dans son van, il nie cependant les meurtres. C’est Monique qui va craquer et commencer les aveux du couple. Fourniret confirme les aveux de sa femme durant la semaine du 30 juin 2004.Débutent alors la quête des corps et les reconstitutions. Fourniret, toujours désireux de garder le contrôle sur la situation, dirige les opérations qui permettent de retrouver les corps d’Elisabeth Brichet et de Jeanne-Marie Desramault et exige même qu’on répare sa maison de Sart-Custinne, en Belgique, en échange de sa participation aux reconstitutions. Le procès du couple Fourniret-Olivier débute le 27 mars 2008 à Charleville-Mézières. Comme à son habitude, Fourniret se montre froid et arrogant, tandis que sa femme est impassible.Le couple est condamné le 28 mai 2008 : Fourniret est condamné à la perpétuité sans possibilité de libération, et Olivier est condamnée à perpétuité avec une période de sûreté de 28 ans. Fourniret continue de faire parler de lui en prison en refusant de révéler l’emplacement de certains corps, notamment celui de Farida Hamiche, et en faisant allusion à certaines disparitions mystérieuses dont il serait responsable. Celle d’Estelle Mouzin faisait partie de celles-ci jusqu’à ce que le tueur avoue finalement son meurtre cette année. Selon certains, il aurait avoué le meurtre pour rester à la une des journaux, ce qu’il a évidemment obtenu. À présent, nous ne pouvons que nous demander combien de ces surprises il garde pour plus tard. Seul le temps nous le dira. Ou peut-être pas.

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