Philippe S. : le “druide” meurtrier de l'Aveyron
- Elsa Moreira
- 22 juin
- 6 min de lecture
Bonjour tout le monde!
Oui, ça fait longtemps, je vous demande pardon, population.
Je reviens humblement vers vous avec une affaire assez récente qui me paraît assez absurde, mais qui ne fait pas beaucoup de bruit. J’ai fait de mon mieux pour collecter les informations concernant ce cas, mais certaines sources divergent, donc si vous voyez une erreur, n’hésitez pas à m’en faire part.
Sur ce, voici l’affaire du meurtre de Georges Meichler.
Laissez-moi présenter les protagonistes.
On ne sait pas grand-chose de la victime, Georges Meichler. Ce sexagénaire, qui se faisait aussi appeler “Diego”, vivait dans les bois de Brasc, dans l’Aveyron. Sa maison n’avait ni eau courante, ni électricité, mais cela semblait lui convenir. On sait qu’il avait au moins une fille avec qui il avait peu de contacts. Il y a peu d’informations disponibles sur sa personnalité, mais il est de toute façon difficile pour moi de croire qu’un homme aussi isolé ait pu faire quoi que ce soit lui faisant mérité ce qui lui est arrivé.
Passons maintenant aux bourreaux, et commençons par le leader.
Philippe Schneider avait 55 ans ou plus en 2023, année du meurtre (les sources ne sont pas claires). Il est passé par plusieurs endroits avant de s’installer dans l’Aveyron, notamment Alès et le nord de la France. Il a été cuisinier dans divers grands restaurants, dont certains à l’étranger, mais cela ne voulait pas dire qu’il était équilibré. En effet, on le décrit comme avide d’emprise sur les autres, et on semble retrouver des ex-compagnes traumatisées partout où il a vécu. Infidélité, relations sexuelles forcées, trafic de stupéfiants, violences physiques…Je ne l’appellerai pas un porc, parce que les porcs sont utiles et n’essaient pas de faire croire qu’ils sont autre chose que des porcs, deux standards que Philippe n’avait pas l’air de pouvoir atteindre. En effet, il se faisait passer parfois pour un photographe, parfois pour un vendeur de “plantes thérapeutiques” (qui étaient en fait du cannabis et des plantes aphrodisiaques) auprès de ses compagnes/victimes, le tout en vivant à leurs crochets et en ignorant les trois enfants nés de ces unions malheureuses.
Face à ce genre d’homme, on s’attendrait à un casier judiciaire à la hauteur de sa médiocrité, mais il n’a étonnamment été arrêté que pour usage de stupéfiants et conduite sans permis.
Philippe n’a pas changé avec sa dernière compagne et complice, Nathalie Caboubassy. Tout aussi violent, il s’était présenté comme pizzaïolo ambulant avant de revenir aux “plantes thérapeutiques”. En mars 2019, le couple était venu s’installer à Plaisance, dans l’Aveyron, dans un éco-village où Philippe s’est présenté comme “druide”. Ce n’est pas cette déclaration ma foi extravagante qui a écourté son séjour dans ce village, mais la violence dont il a fait preuve. Quel choc…
Le couple a fini par s’installer dans un immeuble HLM de Camarès, où on semblait mieux supporter la présence de Philippe. 4 années sont passées, durant lesquelles Philippe et Nathalie ont fait la connaissance de Georges, que Philippe disait considérer comme son frère, et de Loup Benrakia, leur futur complice.
On ne sais pas grand-chose de ce dernier, si ce n’est qu’il a la vingtaine, est un ancien fossoyeur, et est décrit comme peu intelligent et facilement influençable.
Comment en est-on donc arrivé à ce qui nous occupe aujourd’hui ?
Selon Philippe, le crime a été commis car il voulait voler du cannabis que Georges cultivait et venger une fille de l’une de ses ex-compagnes, que Georges aurait agressée sexuellement. C’est en tout cas ce qu’il a raconté à Loup pour le convaincre d’être complice (en plus de lui proposer de l’argent, bien sûr). On ne sait pas comment il a réussi à convaincre Nathalie, mais je doute qu’il ait utilisé un stratagème plus élaboré.
Entre le 27 et le 30 janvier 2023, le trio s’est rendu chez Georges avec des cordelettes, du scotch et des gants. Philippe et Loup attachent et bâillonnent le sexagénaire, selon eux “sans avoir voulu lui faire du mal”. Ils l’ont ensuite obligé à donner son argent et le code de sa carte bancaire, avant de le frapper et de le laisser seul. Quelques temps plus tard, Loup retrouve Georges sans vie. Les experts n’ont pas pu déterminé quand et comment la victime a rendu son dernier souffle, mais on sait ce qu’il s’est passé ensuite.
Face à l’escalade de la situation, le trio a décidé de “fumer quelques joints” avant de décider de ce qu’ils allaient faire. Parce qu’il est bien connu que les meilleures décisions se prennent après avoir fumé du cannabis.
Nathalie se retire de la situation, tandis que Loup et Philippe enveloppent le cadavre dans une couette et le mettent dans un grand sac. Les deux hommes transportent le corps jusqu’à un terrain appartenant à Philippe et attendent deux ou trois jours pour “respecter la transmigration de l’âme” selon Philippe. Ce soi-disant respect ne les empêchera pas de démembrer le corps de celui que Philippe disait considérer comme son frère et dans brûler une partie sur le terrain.
L’autre partie est ramenée au domicile de Georges, où elle est placée dans des marmites d’eau chaude et mélangée avec des légumes et diverses herbes. Cela a apparemment été fait pour couvrir l’odeur et accélérer la crémation (ne me demandez pas comment, je vous en supplie, je suis aussi perdue que vous). Finalement, deux feux sont allumés pour incinérer les restes et les cendres sont dispersées sur le terrain pendant que Philippe “prie” pour le salut de l’âme de sa victime.
Loup dira plus tard qu’il a participé à ce processus macabre par peur d’être tué par Philippe.
Pendant les jours qui suivent, le trio dépense l’argent de Georges et envoie des SMS à ses proches pour faire croire qu’il est toujours en vie. Georges aurait donc soit décidé de “changer d’air”, soit décidé de partir en voyage avec une ancienne compagne retrouvée. Cependant, cela provoque l’inverse de l’effet escompté. Les proches de Georges sont étonnés de recevoir de telles nouvelles, ce comportement étant totalement inhabituel de la part du sexagénaire.
L’alerte est donnée le 5 février par l’ex-femme de Georges, qui s’inquiète de ne plus avoir de nouvelles. Dans les jours qui suivent, les gendarmes constatent l’absence du disparu a son domicile, et retrouvent son Citroën Jumpy, placé sous surveillance, au pied de l’immeuble où vivent Nathalie et Philippe à Camarès. Une amie a déclaré aux enquêteurs qu’elle a croisé Nathalie dans le véhicule, et celle-ci aurait expliqué que Georges est parti en voyage et a demandé au couple de nourrir ses animaux. Les enquêteurs finissent par entrer dans le domicile de Georges, et y trouvent une odeur nauséabonde et des traces de foyers d’incendie. Ils fouillent également le Jumpy, dans lequel ils retrouvent des morceaux du corps emballés dans des sacs poubelles.
Le 10 février, le trio meurtrier est placé en garde à vue, Loup étant devenu un suspect sur la base de ses échanges avec le couple et de ses déplacements. Philippe passe rapidement aux aveux en disant que ce qu’il va raconter est “difficile à entendre”. Mais pas difficile à faire, apparemment…
Le procès du trio commence le 19 mai 2025. Philippe comparaît pour séquestration suivie de mort ainsi que recel et atteinte à l’intégrité d’un cadavre. Nathalie et Loup, eux, comparaissent pour complicité à ces crimes.
Avant le procès, Philippe a déclaré à un expert psychiatre : “J’ai dû découper le corps, vous ne pouvez pas comprendre combien j’ai souffert”. Je ne sais pas trop quoi faire de cette déclaration, mais je voulais quand même l’inclure pour ceux qui doutent encore de son niveau de narcissisme.
Le premier jour du procès, il exprime également des regrets, dont on ne sait s’ils concernent le crime ou le fait qu’il doive en subir les conséquences.
Philippe est finalement condamné à 30 ans de réclusion criminelle avec une peine de sûreté de 20 ans, tandis que Loup et Nathalie sont condamnés à respectivement 13 et 6 ans de prison. Les deux complices ont donc une chance de se réformer, mais le “druide”, lui, aura au mieux environ 80 ans quand il sortira, et ne pourra probablement que passer le restant de ses jours à attendre la fin d’une vie qu’il a semblé passer à détruire celle des autres. Une fin minable pour un homme qui l’est encore encore plus.
Dites-moi ce que vous pensez de cette affaire, et n’hésitez pas à me dire si vous voulez que je couvre une affaire en particulier dans les commentaires ou sur Twitter (je ne dirai pas X). J’espère que vous trouverez de l’argent par terre aujourd’hui, et je vous dis à la prochaine !
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